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Recyclage du plastique : le point de vue de Nicolas Chevallier

Recyclage du plastique : le point de vue de Nicolas Chevallier
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L’intégration des matériaux en plastique recyclé représente une opportunité pour le secteur automobile et s’inscrit dans la démarche globale de décarbonation. Dans les années à venir, la valorisation de la filière du recyclage sera primordiale, et OPmobility est en ordre de marche pour répondre aux objectifs d’utilisation de plastiques recyclés dans ses solutions et produits.

Comment relever le défi du recyclage du plastique ?

Nous devons répondre aux défis suivants : comment utiliser moins de plastique, comment mieux l’utiliser et plus longtemps.
Nicolas Chevallier, Directeur Projet Matériaux Durables d’OPmobility

Le recyclage des matériaux plastiques dans les pièces automobiles joue un rôle clé dans la réduction des émissions de CO2 du secteur. Pour OPmobility, quels sont les défis et les opportunités dans le domaine du recyclage des plastiques ?

N. Chevallier : L’intensification de l’usage de matériaux recyclés doit permettre de répondre aux enjeux des nouvelles réglementations, aux attentes de nos clients favorisant l’usage de matériaux dits « green » ainsi qu’au plan de décarbonation d’OPmobility. Nous devons répondre aux défis suivants : comment utiliser moins de plastique, comment mieux l’utiliser et plus longtemps. Des initiatives viennent soutenir cette ambition, c’est le cas en Europe avec un projet de réglementation qui imposera l’emploi d’un minimum de 25 % de plastique recyclé dans les voitures à l’horizon 2030. Aujourd’hui, seuls 10 % des plastiques contenus dans les voitures sont issus du recyclage, ce qui est encore relativement faible. Nos principaux défis sont, d’une part, de développer des matériaux qui répondent aux exigences de qualité et de sécurité, tout en restant à un niveau de compétitivité acceptable. Et d’autre part, de pousser à la circularité de la voiture en fin de vie en supportant le développement des filières de recyclage.

Les filières de recyclage sont effectivement au cœur de la question, quelles sont les perspectives d’évolution à ce sujet ?

N. Chevallier : En France et en Europe de l’Ouest, les filières de recyclage du véhicule en fin de vie sont relativement développées mais centrées sur les métaux. La majorité des plastiques recyclés que nous utilisons à ce jour proviennent des déchets domestiques ou industriels mais trop peu du véhicule en fin de vie. Le challenge est donc de bénéficier d’ une boucle de recyclage fermée afin que les pièces plastiques des véhicules de demain soient produites en partie via les résidus plastiques des véhicules du passé.

Comment OPmobility intègre-t-il les matériaux durables, dont les plastiques recyclés, dans ses produits ?

N. Chevallier : Nous intégrons depuis de nombreuses années des plastiques recyclés dans nos produits, et nous souhaitons renforcer cet usage. Depuis deux ans, nous multiplions et accélérons nos travaux pour soutenir les constructeurs dans l’atteinte de leurs objectifs. Nous avons notamment un partenariat avec TotalEnergies visant à développer des matériaux recyclés de haute performance. Ainsi, dès 2024, nous aurons les premières mises en production de pare-chocs contenant 25 % de plastiques recyclés, malgré les défis techniques.

Quel rôle joue OPmobility dans la conduite des initiatives de recyclage au sein de l’industrie automobile ?

N. Chevallier : OPmobility s’inscrit dans une chaîne de valeur en tant qu’équipementier mondial. Nous souhaitons être acteurs et promoteurs du recyclage. Nous transformons les matériaux, dans nos usines et avons une connaissance forte de l’adéquation de ceux-ci avec nos produits finaux. Ces connaissances, nous devons les partager avec nos partenaires que sont les constructeurs automobiles ainsi que les développeurs de matériaux pour adapter, ensemble, l’utilisation des plastiques recyclés, et de fait, augmenter leur proportion dans nos produits.

Comment OPmobility peut-il pousser encore plus loin le recyclage du plastique dans les pièces automobiles ?

N. Chevallier : Une des difficultés du recyclage du plastique consiste dans la diversité de ceux-ci. L’industrie a complexifié le design des produits, en faisant appel à une grande multitude de matériaux au sein d’un même produit. Un pare-choc peut contenir jusqu’à 10 types de plastiques différents ! Demain, si vous souhaitez recycler ce produit, il faut trier les plastiques et ces processus sont difficiles à mettre en œuvre et coûteux. Nous pouvons travailler sur la notion d’écodesign qui consiste à concevoir des produits plus simples à recycler dans lesquels nous réduisons cette diversité ainsi que la complexité d’assemblage.

Quels sont vos objectifs pour augmenter l’utilisation des matériaux recyclés ?

N. Chevallier : La trajectoire fixée par l’Union européenne sur les 25 % de plastiques recyclés ne s’appliquera pas de la même manière sur tous les équipements du véhicule. Pour les pièces extérieures, nous aurons a minima 25 % d’ici 2030, sans doute plus, tandis que sur les réservoirs, des produits de sécurité, nous serons plus limités. Sur d’autres types de pièces, nous ambitionnons d’atteindre 30 % à 40 % de matières recyclées, ce qui traduit vraiment notre volonté d’aller plus loin et de créer une dynamique sur l’ensemble de la filière.

 

Sur le même sujet, découvrez le point de vue complémentaire de Raphaël Guastavi, Directeur Adjoint Économie Circulaire de l’ADEME (Agence française de la Transition Écologique).

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