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Mobilité électrique : le point de vue de Florent Laroche

Mobilité électrique : le point de vue de Florent Laroche
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Sur le marché automobile, l’électrification gagne de plus en plus de terrain pour des raisons écologiques, sous l’impulsion à la fois sociétale et politique. Des initiatives sont mises en place à l’échelle internationale, notamment en Europe avec la fin de la vente des véhicules thermiques d’ici 2035. De fait, toute l’industrie automobile se mobilise pour répondre à ce changement de paradigme, et OPmobility travaille aux côtés de ses clients à l’international pour les accompagner dans leur démarche.

L’avènement de la mobilité tout électrique se concrétisera-t-il ?

La voiture électrique va aider la compétitivité du transport routier par rapport aux autres modes de transport.
Florent Laroche, Docteur en Sciences Économiques et Maître de Conférences à l’université Lumière Lyon 2

Quels sont les principaux enjeux et défis de la mobilité nouvelle génération et de la mobilité électrique ?

F. Laroche : Avec les difficultés liées à la hausse des prix du carburant, le véhicule électrique représente un avantage puisqu’il coûte trois à quatre fois moins cher à l’usage qu’une voiture thermique. Dans l’économie des transports, il y a deux notions fondamentales : le temps et l’argent. Ainsi, malgré le développement des transports en commun, la voiture reste prédominante. Elle offre un gain de temps, d’aisance et de confort au quotidien. Mais pour démocratiser l’utilisation de la voiture électrique, le principal défi est de la rendre abordable pour les usagers potentiels.

Comment l’utilisation grandissante de la voiture électrique va-t-elle faire évoluer les usages ?

F. Laroche : Les véhicules électriques sont de plus en plus technologiques, avec les systèmes d’autopilotage, d’aide à la conduite, et l’intégration d’interfaces et d’applications proches de celles d’un smartphone. De fait, leur usage évolue. Mais le risque principal est que ces voitures deviennent rapidement obsolètes et que les automobilistes hésitent à investir sachant que, dans deux, trois ou cinq ans, leur modèle sera déjà dépassé. C’est là le principal changement au niveau des usages, et le leasing (location avec option d’achat auprès d’une banque ou d’un établissement de crédit) pourrait devenir la norme plutôt que la possession. Tout cela dépend aussi de l’aspect économique. Sans évolution majeure des revenus des citoyens, la mobilité électrique ne pourra pas être adoptée par la majeure partie de la population.

Concentrer les efforts sur les véhicules électriques permet-il de répondre aux nouveaux enjeux de la mobilité et de la transition énergétique ?

F. Laroche : Ce que j’observe, c’est qu’on tend vers le “tout” mais pas uniquement électrique. Il y a dix ans dans les stations-services on trouvait principalement du gazole et du sans-plomb. Aujourd’hui, il y a une très grande diversité des modes énergétiques : l’électricité, l’éthanol, le GPL, le gaz naturel, etc. Il y a donc énormément de possibilités. Le conducteur cible l’achat du type de véhicule, en fonction des usages et de sa capacité financière et in fine le mode d’énergie consommé. Pour les constructeurs, le choix peut être de se focaliser uniquement sur de l’électrique, ou d’aller vers différentes motorisations. La solution du tout électrique seule est peu réaliste, mais elle fait partie d’une solution globale décarbonée.

En quoi la transition vers une mobilité durable peut-elle influencer les stratégies des acteurs économiques du secteur dont OPmobility fait partie ?

F. Laroche : Pour les acteurs de l’industrie automobile, il est encore difficile d’identifier des tendances claires sur le marché. Les équipementiers et constructeurs doivent donc faire preuve de flexibilité pour trouver leurs cibles et orienter leurs business plans. Certains constructeurs ont fait le choix de proposer uniquement des véhicules électriques pour les hauts revenus, quand d’autres font un carton avec une voiture hybride essence/GPL plutôt destinée aux moyens et faibles revenus. Donc je pense qu’on est loin d’une solution unique.

Quels sont les nouveaux usages émergents en matière de mobilité avec le développement de solutions durables ?

F. Laroche : Le covoiturage et l’autopartage se démocratisent et gagnent de plus en plus d’utilisateurs. Mais il reste des progrès à faire puisqu’en France par exemple, 70% des déplacements domicile-travail sont encore réalisés avec des véhicules individuels et on estime à 3% la part du covoiturage quotidien en France par exemple. Ensuite, on observe que le vélo, les trottinettes et les nouveaux modes de transport individuels marchent très bien en milieu urbain. Plus globalement, le transport individuel reste privilégié dans les zone péri-urbaines et rurales où les réseaux de transports publics sont encore insuffisamment développés. Et il ne faut pas oublier qu’après la crise sanitaire, les voitures ont très vite retrouvé un niveau d’usage élevé.

Comment voyez-vous l’avenir de la mobilité, et l’évolution des usages dans les années à venir ?

F. Laroche : Ces dix dernières années, nous avons assisté à une explosion des déplacements. C’est un phénomène très positif pour le développement du droit à la mobilité. Cette tendance devrait s’intensifier dans les années à venir. Les usages se développent grâce au digital, avec la possibilité de disposer de solutions plus accessibles, et aussi par la diversification des ressources énergétiques. D’un point de vue économique, c’est très positif, parce qu’on pourra adapter nos déplacements à notre budget. Une autre évolution possible concerne l’autonomie des véhicules électriques. Lorsque celle-ci sera augmentée de façon significative, les utilisateurs iront encore plus facilement vers des modèles électriques. À l’avenir, les véhicules électriques pourront accompagner ces besoins exponentiels en matière de mobilité, élargissant le panel des solutions ayant de l’intérêt d’un point de vue environnemental.

 

Sur le même sujet, découvrez le point de vue complémentaire de Alexandre Corjon, Vice-Président Exécutif, Directeur de l’Innovation et du Software d’OPmobility.

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