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Mobilité électrique : le point de vue d’Alexandre Corjon

Mobilité électrique : le point de vue d’Alexandre Corjon
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Sur le marché automobile, l’électrification gagne de plus en plus de terrain pour des raisons écologiques, sous l’impulsion à la fois sociétale et politique. Des initiatives sont mises en place à l’échelle internationale, notamment en Europe avec la fin de la vente des véhicules thermiques d’ici 2035. De fait, toute l’industrie automobile se mobilise pour répondre à ce changement de paradigme, et OPmobility travaille aux côtés de ses clients à l’international pour les accompagner dans leur démarche.

L’avènement de la mobilité tout électrique se concrétisera-t-il ?

Afin de décarboner la mobilité, nous devons développer des solutions électriques.
Alexandre Corjon, Vice-Président Exécutif, Directeur de l’Innovation et du Software d’OPmobility

Selon vous, faut-il tendre vers le tout électrique en matière de mobilité ?

A. Corjon : Il est important de développer l’électrique, bien sûr ! Mais avec une nuance : il ne faut pas uniquement miser sur les véhicules à batteries électriques et rechercher la meilleure combinaison entre les énergies et les solutions de mobilité. Par exemple, l’hydrogène constitue un formidable vecteur énergétique. On sait le stocker et le produire de manière renouvelable. Nous croyons aux bénéfices de cette énergie décarbonée. C’est pourquoi nous développons notre offre en lien avec l’hydrogène, notamment sur de nouvelles solutions de stockage.

Comment OPmobility aborde-t-il la transition vers la mobilité électrique ?

A. Corjon : Depuis plusieurs années déjà, OPmobility définit les contours d’une stratégie lui permettant de s’adapter aux évolutions du secteur. Cette stratégie nous permet de prendre en compte l’essor du marché et démontre notre capacité à répondre aux enjeux commerciaux qui en découlent. Avec l’électrification, notre portefeuille de produits évolue. C’est pourquoi nous avons créé de nouvelles activités dédiées, comme e-Power, au sein de laquelle nous développons un ensemble de solutions pour les véhicules électriques. En parallèle, le Business Group H2-Power poursuit son développement démarré il y a déjà plusieurs années sur la mobilité électrique à base d’hydrogène.

Comment intégrez-vous l’innovation et la technologie dans le développement de solutions pour la mobilité électrique ?

A. Corjon : Nous travaillons sur des solutions pour les batteries, et des logiciels pour optimiser les performances d’objets et de services associés. Nous développons aussi des solutions pour optimiser le fonctionnement et la durée de vie des piles à combustible dans un souci de meilleur rendement. Tout ce travail ne se fait pas seul. Nous travaillons avec une communauté d’innovateurs, et nous recherchons ensemble les meilleures solutions. Cela passe donc par des partenariats avec des start-ups ou des laboratoires. On ne peut pas s’appuyer uniquement sur un développement en interne. Il faut être curieux, aller chercher des solutions dans d’autres domaines, et les adapter aux contraintes liées à l’automobile.

Pouvez-vous nous expliquer comment OPmobility anticipe, accompagne et soutient les différentes formes de mobilité ?

A. Corjon : Nous pouvons aujourd’hui servir tout type d’énergie au sein du véhicule. En premier lieu, nous faisons les batteries pour les véhicules hybrides et électriques. Ensuite, nous produisons des réservoirs, et à la vue des évolutions qui arrivent comme les carburants alternatifs, nous serons en mesure de produire des réservoirs pour ces carburants également. Concernant l’hydrogène, notre ambition est d’être leader mondial, c’est pourquoi nous travaillons sur des solutions adaptées, comme les réservoirs haute pression, ou tout ce qui concerne la pile à combustible.

Comment travaillez-vous avec vos partenaires, constructeurs et autres, pour relever les défis de la mobilité électrique ?

A. Corjon : La transition vers la mobilité électrique a plusieurs impacts pour nous. D’abord, elle fait évoluer l’activité de OPmobility, construite au fil des années. Nous collaborons avec les constructeurs automobiles pour qu’ils prennent en compte la diversification de notre activité et de notre portefeuille de solutions. Nous allons à leur rencontre pour présenter nos innovations et leur faire prendre conscience de ce que nous pouvons faire pour les accompagner. Des projets sur des technologies novatrices sont également en cours, co-financés par des constructeurs.

La Chine a une longueur d’avance sur la transition énergétique du secteur de la mobilité, comment expliquez-vous les différences de maturité sur ce sujet par rapport à la France et/ou l’Union Européenne ?

A. Corjon : La Chine a effectivement réussi à développer plus rapidement les véhicules électriques. Les batteries sont nées avec toutes les technologies, comme les composants électroniques, que le pays a développées pour d’autres usages. Le pays a fortement investi sur ce domaine, avec une volonté de servir les produits électroniques qu’ils fabriquaient. Ils ont étendu leurs capacités industrielles de production de batteries, et l’automobile est devenu un modèle d’expansion. D’autre part, il y a eu une volonté du gouvernement chinois de faire du pays un champion du véhicule électrique. Et le marché intérieur chinois étant le premier marché mondial, c’est un moteur de croissance incroyable. Aujourd’hui, il y a plus de 200 marques de véhicules en Chine. Tout cela participe au fait que le pays a une avance considérable par rapport à l’Union Européenne.

Quelles sont les prochaines étapes clés pour OPmobility ?

A. Corjon : Il y a des virages technologiques à ne pas rater. Nous avons étoffé notre portefeuille de produits et nous devons continuer dans ce sens, notamment dans ce qui peut compléter notre offre extérieure, tels les capteurs électroniques ou ADAS, qui contribuent à la sécurité des passagers. Une autre évolution est celle du logiciel. Nous avons créé OP’nSoft pour le développement de tous nos logiciels et souhaitons faire du logiciel un produit à part entière. L’importance croissante du logiciel soutient une transformation plus globale de la mobilité, avec le passage d’un monde de produits vers un monde d’usages.

 

Sur le même sujet, découvrez le point de vue complémentaire de Florent Laroche, Docteur en Sciences Économiques et Maître de Conférences à l’université Lumière Lyon 2.

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